À l’échelle mondiale, 1 enfant sur 5 n’est pas scolarisé. 262 millions d’enfants. L’Afrique subsaharienne est la région du monde la plus concernée par ce problème. Comment l’un des pays les plus pauvres du monde peut-il s’engager dans ce combat ?
Madagascar est en proie à une situation économique déplorable : instabilité politique, corruption, chocs climatiques, dégradation environnementale et mauvaise exploitation des ressources locales. Elle fait également face à une explosion démographique. Sa population a doublé entre 1993 et 2014, passant de 12,2 millions à 23 millions.
Les prévisions pour 2030 sont vertigineuses : 36 millions. La population malagasy est très jeune. 60% a moins de 20 ans. 50% a moins de 15 ans. Avec une population jeune, à croissance rapide, les besoins éducatifs de la grande île sont immenses.
Un niveau d’instruction faible et stagnant
À Madagascar, les rapports déplorent des infrastructures déficientes. Les effectifs par classe sont démesurés. Jusqu’à 100 élèves par classe. Le matériel insuffisant. Les enseignants peu qualifiés. La majorité des enseignants ne dispose d’aucun diplôme professionnel.
Le programme d’analyse des systèmes éducatifs de la francophonie fait état d’une chute rapide des résultats des élèves en français, malagasy et mathématiques.
« La diminution des scores observée entre 1998 et 2005, notamment, peut s’expliquer par une massification de l’accès à l’éducation au début des années 2000 qui n’a pas été accompagnée de moyens suffisants pour maintenir le niveau académique, par ailleurs déjà faible. »
Les problèmes de santé et de nutrition sont des facteurs non négligeables de ces déficiences. La moitié des enfants de moins de 5 ans souffre de malnutrition. De nombreuses études révèlent que le fait d’aider les familles dans le cadre d’un programme alimentaire et sanitaire, a un impact positif sur le taux de scolarisation.
Un système éducatif incapable d’offrir une scolarité à tous les enfants
1,4 million d’enfants non-scolarisés1,4 million des enfants de 6 à 10 ans n’est pas scolarisé à Madagascar. 1 malagasy sur 3 ne sait ni lire, ni écrire. Au-delà de ses déficiences, le système éducatif n’est pas équitable. Entre 3 et 5 ans, la scolarité n’est accessible qu’aux citadins et aux familles aisées, alors que 80% de la population malagasy est rurale et que plus de 90% est pauvre. Cette différence entre la scolarisation des ruraux et des urbains se maintient tout au long du système éducatif. Presque aucun des enfants de famille pauvre ne peut accéder aux universités.
À Madagascar, l’accès à l’école n’est pas le même en fonction de la région dans laquelle on vit et du niveau de vie de sa famille. Par exemple, un enfant qui vit à Tananarive, la capitale, a près de 9 chances sur 10 de terminer sa scolarité, alors qu’un enfant de Toliara, n’en a que 4. On peut cependant noter positivement qu’il n’y a pas de disparité entre la scolarisation des filles et celle des garçons à Madagascar. Selon l’UNESCO, la misère éloigne les enfants de l’école :
« Les enfants les plus pauvres ont quatre fois moins de chances de fréquenter l’école que les enfants les plus riches et la probabilité qu’ils n’achèvent pas l’éducation primaire est cinq fois supérieure. »
De trop nombreux abandonsPrès de 20% des enfants scolarisés abandonneront avant la fin de leur cursus. Les raisons évoquées par des familles sont d’ordre économique et structurel. Economique, parce que les enfants sont contraints de travailler pour pallier aux besoins financiers de leur famille. Structurel, parce que les classes sont surchargées et que les élèves ne peuvent pas suivre tout le cursus scolaire dans un même lieu. Quand les écoles sont trop éloignées du lieu d’habitation, les enfants ne s’y rendent plus.
Pourtant, un rapport de l’UNESCO indique que « si les personnes avaient été scolarisées juste 2 années de plus, 60 millions d’entre eux seraient sortis de la pauvreté. »
Un système éducatif qui ne prépare pas les élèves au marché du travail
La qualité de l’enseignement est telle qu’un enfant qui aurait la chance de terminer son cursus n’a malgré tout pas les compétences nécessaires. La formation professionnelle n’est pas épargnée, comme l’indique le Plan Sectoriel de l’Éducation :
« Les offres de formation ne correspondent pratiquement pas aux besoins de l’économie et fonctionnent le plus souvent avec des équipements obsolètes et des matériels didactiques dépassés, quand il y en a. »
Par exemple, dans le monde rural, 3% des élèves de formation professionnelle s’inscrivent dans les formations agricoles alors que 3 actifs sur 4 travailleront dans l’agriculture. Les pratiques agricoles sont donc maintenues dans une pratique technologique traditionnelle.
Pour ce qui est de l’enseignement scientifique, l’accès est « trop limité et inéquitable pour influencer positivement la croissance ».
Un gouvernement engagé qui ne peut pas à lui seul relever le défi
L’éducation : Une prioritéDans un contexte très difficile, tant sur le plan économique, politique, financier que social, le gouvernement malagasy a mis en place le Plan Sectoriel de l’Éducation pour les années 2018 à 2022, faisant de l’éducation une grande priorité. Parmi les mesures prévues, on remarque la généralisation de la gratuité de la scolarisation, la distribution de manuels et de kits scolaires et le recrutement massif d’enseignants.
Pour y parvenir, Madagascar aura besoin de partenaires :
« Cependant, à lui tout seul l’Etat ne pourrait assurer le financement de la mise en œuvre d’une telle réforme. D’où un appel à des partenariats. »
Investir dans l’éducation à Madagascar, c’est donner à ce pays la possibilité de sortir la misère.
« 1 dollar investi dans une année supplémentaire de scolarité, pour les filles en particulier, génère des revenus sur le plan économique et sanitaire de 10 dollars dans les pays à faible revenu. »
Malnutrition infantile, sous-qualification des enseignants et déficience des infrastructures : Madagascar ne parvient pour le moment pas à contrer la chute du niveau académique. Maintenir les enfants dans une scolarité pour tous, de proximité et de qualité est l’un des enjeux prioritaires des années à venir pour sortir l’île de la pauvreté. Des partenaires se lèvent pour aider le gouvernement à relever ce défi. Ensemble, nous pouvons lutter contre l’illettrisme et permettre aux malagasys de croire en un avenir meilleur.
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La rédaction